« La France est-elle toujours une grande puissance ? » Vladimir Poutine

La France a présenté au Conseil de Sécurité un projet de résolution sur la Syrie que la Russie n'aurait pas pu avaliser. Elle l'a fait exprès pour faire monter la tension, a déclaré Vladimir Poutine au VIII Forum d'Investisseurs « VTB Capital « Lappel de la Russie ! » qui se tient le 12 octobre à Moscou.

 

« Nous avons déclaré que nous étions prêts à soutenir l'initiative du représentant spécial du secrétaire général de l'ONU Staffan de Mistura sur le retrait des milices armées d'Alep. La réaction de la partie française a été plutôt positive. Nous nous attendions à réaliser un travail fructueux, ensemble avec la France et d'autres membres du Conseil de Sécurité », a dit Poutine, selon l'agence RIA-Novosti.

 

Comme le chef d'État russe l'a raconté, le chef du Quai d'Orsay Ayrault s'est rendu à Moscou et a explicité les grands points de la résolution. En guise de réponse, le ministre des Affaires Etrangères de Russie Sergheï Lavrov a promis que la Russie n'allait pas opposer son veto à condition que l'on tienne compte des amendements russes. A son tour, le ministre français a promis de s'exécuter en assurant tout un chacun que Paris ne voulait absolument pas « se faire plomber par un veto ».

 

Moscou était mécontente que, dans la version française, « le gouvernement syrien était tenu pour responsable de tous les griefs et il n'y avait pas un seul mot sur l'opposition », a précisé le président russe.

 

« Juste après, le chef de la diplomatie française a pris son envol de Moscou à Washington. Le lendemain, il avait sa grande sortie avec Monsieur Kerry, et ils ont accusé la Russie de tous les pêchés mortels. Personne n'a voulu converser avec nous de rien ni discuter de quoi que ce soit. Ils ont juste poussé la résolution au Conseil de Sécurité en s'attendant ouvertement à notre veto », a ajouté Vladimir Poutine.

 

Selon lui, cela a été fait non pas pour adopter cette résolution, car les organisateurs étaient au courant de la position de la Fédération de Russie. « Cela a été fait pour obtenir ce veto. Pourquoi faire ? Mais pour faire monter la tension, provoquer une hystérie anti-russe dans les médias se trouvant sous leur contrôle en trompant sa propre population et ses concitoyens », a fait valoir le leader russe.

 

« Mais je ne sais si ça correspond ou non aux intérêts des pays européens de servir de façon aussi simpliste les intérêts de la politique extérieure ou peut-être même de la politique intérieure de ses alliés, en l'occurrence, les Etats-Unis. Vraiment je ne sais ! Est-ce que cela répond au rôle d'un pays sérieux voulant faire de la politique sérieuse et qui le clame haut et fort ? Un pays qui désire avoir une politique internationale indépendante ? Un pays qui veut s'appeler une grande puissance ? », s'est demandé Poutine.

 

« Nous sommes prêts à travailler avec tous les partenaires y compris avec nos partenaires français et européens pour soigner ce problème extrêmement important et grave », a ajouté le président de Russie.

 

En parlant de la pression exercée sur la Russie dans le cadre de la pacification syrienne, Vladimir Poutine a souligné que le chantage contre Moscou ne réussirait jamais.