Benoît Hamon brocarde le capitalisme, sa femme le sert

L'affaire Pénélope Fillon a permis de rappeler le rôle que jouent les « femmes de » dans les carrières de leur mari, qu'elles peuvent faire ou défaire. Dans et hors de la politique. Et ce, quel que soit le verdict final du parquet national financier au sujet des emplois de Mme et des enfants Fillon. Voici donc une « femme de » qui mérite qu'on s'y intéresse, celle du candidat socialiste vainqueur des primaires, M. Hamon, Gabrielle Guallar.

 

Tandis que son mari bataillait contre le gouvernement et ses mesures « libérales », dont la loi Macron, elle les défendait. Et pas comme n'importe qui. Depuis juillet 2014, elle est responsable des affaires publiques au sein du groupe LVMH. Elle défendait alors, notamment, l'ouverture tardive des magasins, ainsi que le dimanche, pour le compte de Sephora, filiale de LVMH, et a même été auditionnée le 10 mars 2015 devant une commission du Sénat chargée d'examiner la Loi Macron, rappelle le magazine Challenges (11/2/2017).

 

D'origines catalane et danoise, diplômée de Sciences-po en 1996, titulaire d'un master en politique européenne décroché à l'Europe Collège de Bruges, elle devient ensuite conseillère en stratégie des affaires européennes dans le cabinet de conseil KEA european affairs,où, six ans durant, elle fait, entre autres, du lobbying pour le secteur de l'audiovisuel, de la musique et de la culture. Puis elle passe conseillère aux affaires européennes au Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC), avant d'intégrer en juillet 2014, le secrétariat général de LVMH. Aujourd'hui, elle s'occupe de divers dossiers dont l'accès au futur Palace de la Samaritaine, au cœur de Paris - elle veut que les voitures puissent y accéder alors que la mairie (socialiste) de Paris avance depuis plus d'une décennie vers la piétonnisation à marche forcée de la capitale... au détriment des parisiens eux-mêmes et surtout des travailleurs issus de toute la banlieue.

 

Surtout, rappelle incidemment le média régional de réinformation Breizh Info, « cette femme «de gauche» a pour supérieur hiérarchique Marc-Antoine Jamet, l'une des vedettes du film « Merci patron ! », lequel est secrétaire général de LVMH, et accessoirement socialiste fabiusien, maire de Val-de-Reuil, conseiller régional de Normandie et premier secrétaire de la fédération PS de l'Eure. Inutile de demander à ces « socialistes d'affaires » ce qu'ils pensent de la lutte des classes et de l'appropriation collective des moyens de production ! ».

 

Tout cela est très loin des électeurs de la primaire socialiste, qui ont justement infligé une claque à la fois à cette « gauche de gouvernement » représentée par Valls et à cette autre « gauche des affaires », celle qui recase les anciens ministres dans les boîtes amies, celle qui préfère aux grandes idées socialistes, depuis longtemps jetées aux oubliettes, celles du capitalisme. Surtout s'il est de connivence, abreuvé aux généreuses mamelles de la subvention publique. S'il permet de se passer de la redistribution ou de la solidarité puisque le système fiscal permet de surcharger de taxes les PME/TPE qui créent des emplois et n'ont pas les moyens de défiscaliser, tandis que celles qui peuvent payer l'impôt en sont débarrassées par la grâce des niches fiscales et du crédit emploi compétitivité recherche, un oxymore fiscal qui n'a amélioré ni l'emploi, ni la compétitivité, ni la recherche.

 

Ou celles du « made in France » et autre « patriotisme économique », qui consiste essentiellement, pour eux, à téter de la subvention et à faire acheter aux citoyens les mêmes denrées plus cher... à des années lumières du vrai patriotisme économique, celui des circuits courts, de l'économie locale et du refus de faire entrer massivement de nouveaux chômeurs sur le marché du travail français qui n'arrive déjà plus à fournir du travail pour ceux qui sont nés et vivent en France. Le vrai patriotisme économique serait d'éviter qu'un flot continu de main d'œuvre peu qualifiée pousse continuellement à la baisse acquis sociaux, qualité et sécurité du travail, au détriment, avant tout, du travailleur et donc du consommateur français, appâté par une « guerre des prix » qui ne profite qu'au capitalisme international que défend la gauche des affaires. Une « gauche économique » dont Montebourg s'est fait, à son corps défendant, le champion. Ce pourquoi il a été éjecté par les électeurs socialistes.

 

On comprend mieux que Hamon, candidat par défaut mais qui a retenu les leçons des erreurs des autres, ne souhaite pas qu'on parle de sa femme.