Les Américains sont tellement "forts"que les Russes peuvent dormir tranquilles

Le journaliste Alexandre Storm a publié un article dans le périodique russe EADaily où il nous narre les belles prouesses de l'armée américaine en Pologne.

 

Les Polonais se sont trouvés exaucés au tout début de l'année en cours : les blindés américains sont bien arrivés chez eux et les festivités s'en sont suivies avec toute la pompe attendue. Mais voilà que soudain, un mois après l'arrivée des brigades de cavalerie d'Outre-Atlantique il s'est avéré que les blindés lourds made in US ne sont pas capables d'emprunter pas un seul pont ni viaduc polonais ! La cause de ce désastre est bien banale : il n'y a pas que les ponts polonais qui ne peuvent subir le poids des monstres américains de type « Abrams », mais, qui plus est, les tunnels ferroviaires du pays sont par trop étroits pour que les pauvres blindés puissent y passer ! Et voici qu'au lieu de terroriser les contrées russes se plaçant limitrophes par rapport à la frontière, ces blindés sont l'exemple type d'un projet sans queue ni tête destiné juste à « faire du zèle ».

 

C'est en juillet dernier, lors du sommet de l'OTAN à Varsovie, que l'Axe a décidé de renforcer sa frontière Est. Suite à cette décision, la Troisième Brigade blindée s'est vue transférée en Pologne à partir du fort Carson, État de Colorado. Cette unité comprend 3,5 mille effectifs humains, 400 blindés à chenilles et 900 engins à roues dont 87 chars d'assaut « Abrams », 18 mortiers lourds autonomes « Paladin », calibre 155 mm, 144 véhicules blindés de transport de troupes de type « Bradley ».

 

Lorsque les troupes américains ont débarqué en Pologne, les politiques locaux étaient vraiment aux anges. Le 14 janvier dernier, lors de la cérémonie d'accueil, le premier-ministre Béata Szydlo s'épanchait en salamalecs sans fin : « Aujourd'hui nous vivons un grand jour. C'est ici, à Zagan, une bourgade forte de quelques 25 mille habitants, localisée dans la partie occidentale de la Pologne, à proximité de la frontière avec l'Allemagne, que nous accueillons les soldats américains représentant la meilleure, la plus forte et la plus remarquable armée du monde ».

 

Mais il n'y avait qu'elle qui souffrait de prolixité démoniaque, mais également le ministre de la Défense nationale Antoni Macierewicz, surnommé en Pologne « ministre de la guerre avec la Russie » qui s'était senti une verve épique : « Quand vous, Américains, êtes ici, nos troupes polonaises sont en Afghanistan. Quand vous êtes ici, nos braves soldats polonais sont au Koweït et en Irak. Quand vous, vous vous trouvez ici, nos bâtiments polonais écument la Méditerranée pour défendre le flanc méridional de l'OTAN de toute agression parce que tous ensemble nous défendons la liberté ; tous ensemble nous défendons l'indépendance du flanc Est de l'OTAN ; nous défendons tous la souveraineté de l'Europe ».

 

Les festivités allaient bon train. Et une nouvelle soirée-gala organisée cette fois-ci avec la participation du président polonais Andrzej Duda, le 30 janvier. C'était pour fêter le première journée des manœuvres communes américano-polonaises. Le chef de l'État polonais a rappelé que « durant des décennies, et puis jusqu'à une période relativement récente, il y a juste moins de 30 ans de cela, ici, à Zagan, étaient localisées les unités d'une armée que l'on voulait faire passer pour une armée alliée. Cette armée, nous ne l'avions jamais invitée en Pologne. Et surtout elle n'était pas la bienvenue pour y rester. Nous nous sentions en position d'esclavage. Aujourd'hui, nos alliés sont arrivés ici. Ces alliés-là sont le symbole même de la liberté et de l'ordre à travers le monde ; ils sont, avant autre chose, le symbole de la sécurité. Ces alliés étaient fort attendus sur notre terre ».

 

Et Antoni Macierewicz de remarquer : « Quand j'observe les drapeaux polonais et américains, je ne suis pas sans me rappeler des centaines de milliers de soldats polonais péris au combat dans les années 40 et 50 en défendant la Pologne contre l'agression soviétique ; je ne suis pas sans me rappeler les paroles de Lech Aleksander Kaczyński, ancien président polonais, mort dans la catastrophe aérienne au-dessus de Smolensk, qui, déjà en 2008, pendant l'agression russe en Ossétie, nous mettait en garde en disant : aujourd'hui la Géorgie, demain l'Ukraine, puis viendrait le tour des Etats baltes et puis la Pologne se retrouvera sous la menace ».

 

Ensuite, sur le fond de cette joie grotesque des responsables polonais, des questions froides et logiques portant sur la dislocation des troupes américaines en Pologne ont refait surface : si ces troupes-là se donnaient pour objectif de défendre la Pologne contre « une Russie agressive », pourquoi alors restaient-elles cantonnées le long de la frontière germano-polonaise ?

 

La réponse avait tout pour choquer : les chars lourds américains « Abrams » pesant 60 tonnes ne peuvent emprunter les ponts polonais qui n'ont qu'une capacité de support de 30 tonnes maximum : tel a été le poids maximal des chars du feu Traité de Varsovie. Et toute l'infrastructure routière polonaise est construite avec ces calculs-là.

 

Le général de division Léon Komornicki, officier de réserve des troupes blindées, un ancien de la promotion de l'Académie de l'État-major de Moscou et de l'Académie des forces blindées du maréchal Malinowski, n'a pas peur de s'exprimer : « Montrez-moi donc ne serait-ce qu'un seul pont capable de supporter une colonne de chars lourds ! Nos ponts et notre chaussée sont destinés au transport des blindés de taille moyenne. Et ce n'est pas par hasard si les blindés des troupes du Traité de Varsovie avaient un poids inférieur par rapport aux chars de l'OTAN. Si l'OTAN s'était décidée à attaquer le territoire du Traité de Varsovie, ses chars n'auraient pas pu utiliser l'infrastructure routière, incapable de supporter leur poids ».

 

Il est intéressant que ce problème ne concerne pas que les blindés américains partant en direction de l'Est, mais aussi les chars polonais « Léopard » achetés à l'Allemagne. « Nous avons acheté de la quincaillerie allemande lourde et vieux-jeu que les Allemands destinaient à la casse. Leur service après-vente est assuré toujours par le fabricant germanique bien que nos industriels locaux eussent été capables de produire des chars de taille moyenne. Peut-on vraiment les faire transporter par le réseau ferroviaire, sur des plate-formes ? Non ! Parce qu'ils ne passeraient sous aucun pont ! », le même général Komornizki dixit.

 

En attendant les fameux alliés américains ont déjà semé la pagaille sur les routes polonaises. En l'espace d'une semaine ils ont réussi à provoquer 5 accidents routiers : les obus pour chars perdus sur une route, un camion s'encastrant sous un pont à cause du mauvais calcul du chauffeur, un « Hummer » détruit, un camion-citerne crevé sur un pont avec tout un lac de combustible parti dans la nature. Encore heureux que les Américains ne soient pas encore admis à rouler sur l'autoroute...