"Les ogives nucléaires américaines auraient pu exploser! La Turquie a besoin de l’Iran et de la Russie !"

L'experte a également fait valoir que l'autre facette de ces pourparlers reflète la promotion des projets économiques et le travail sur l'amélioration de la communication. Selon Ghevorghian, le plats de résistance est représenté par deux projets, à savoir : le « Nord-Sud » et la « Nouvelle route de la soie ». Les deux sont dans l'acheminement des hydrocarbures. Il est également de notoriété publique que la Turquie éprouve un fort besoin financier du transit iranien.

« Mais, pour commencer, la Turquie doit rompre ses relations avec l'Arabie Saoudite parce que celle-là n'a pas de relations avec l'Iran à cause des esclandres qui ont éclaté il y a quelques années. En tout cas, je ne crois pas que ces relations aient été renouées. Qui plus est, l'Arabie Saoudite a des contradictions insurmontables avec l'Iran. Donc il m'est difficile d'imaginer comment la Turquie pourrait s'arranger avec l'Iran en restant en bons termes avec Riyad », avance la scientifique.

La politologue a aussi souligné que la Turquie ne saurait rompre avec l'Arabie Saoudite pour cause d'une forte dépendance financière.

Kariné Ghevorgian a aussi déclaré que la Russie utilisait déjà la base militaire aérienne en Iran bien avant que cette information ne fût divulguée. C'est que l'Iran et la Russie sont alliés. Cependant, la Russie n'est pas à même d'effectuer des livraisons des armements en Iran sans aval du Conseil de Sécurité de l'ONU. Selon l'experte, l'utilisation de cette base militaire par les bombardiers russes dans le cadre de l'opération antiterroriste en Syrie aussi bien que le retrait des armements nucléaires américains du territoire turc ne correspond pas automatiquement au plan de la création d'une coalition entre les deux pays.

En même temps, l'orientaliste a qualifié d' intéressant le retrait des armements nucléaires américains de la Turquie parce que la base militaire d'Incirlik où ces ogives ont été stockées se trouvait au centre du putsch manqué.Elle n'a pas exclu l'éventualité d'une catastrophe nucléaire qui eût pu en résulter. « Nous savons que les pilotes turcs ont été de la cabale aussi bien que leur marine nationale. Dans le tumulte, l'électricité a été déconnectée. Et nous savons que la sécurité du stockage exige le maintien d'une constante thermique, impossible en l'absence du courant. Vous comprenez, il y fait très chaud ! Les ogives tactiques nucléaires auraient pu devenir instables ! Le Tchernobyl vous paraîtrait de la petite rigolade à côté de ce qui aurait pu en résulter ! » Pour Ghevorghian, ça a contribué à la rapidité de la prise de décision par Washington sur le retrait de ces armements. Elle a aussi fait valoir que la Russie a l'absolue maîtrise du ciel de tout le district régional et qu'il serait dangereux pour les Américains de laisser leurs ogives dans ce périmètre.