Trump va continuer à faire chanter la Russie

Le Pentagone a commencé le transfert de la technique militaire lourde en Europe afin de « calmer nos alliés en vue de la menace russe ». Selon Il Giornale, il s'agirait d'un renforcement de l'Alliance des plus spectaculaires, après la fin de la Guerre froide.

 

Le concept prévoit la répartition des réserves militaires dans les points stratégiques du monde afin d'accélérer la « mise à feu » en cas d'alerte rouge au niveau mondial. Ces dépôts d'armements donneront aux troupes américaines un accès rapide à 6.000 unités d'armement lourd.

 

Le chef d'équipe des chercheurs, docteur ès sciences politiques de l'Institut des Sciences Politiques de Moscou Mikhaïl Alexandrov nous a donné son commentaire.

 

- Pourquoi l'OTAN procède-t-il à un tel renforcement ?

 

Mikhaïl Alexandrov. C'est intrinsèquement lié à la politique de l'OTAN et des Etats-Unis qui essaient de faire une pression politico-militaire sur la Russie. Cette politique a été formulée lors du sommet de l'OTAN à Varsovie où l'on a décidé de localiser deux formations d'attaque à la frontière russe. La première, de loin la plus puissante, est à apparaître sur la direction Nord-Ouest c'est-à-dire en Pologne et dans les pays Baltes. La seconde, à titre d'annexe, serait localisée en Roumanie.

 

En Pologne, 4 groupes tactiques sont en passe d'être créés. On peut très bien leur faire prendre la dimension des brigades qui vont s'additionner à l'armée polonaise. Ce qui, selon les stratèges otaniens, devraient suffire pour prendre possession du district de Kaliningrad. Mais la technique manque cruellement à l'appel. Je crois qu'ils sont en train d'effectuer le transfert de la technique lourde en Belgique, aux Pays-Bas ; ensuite une partie de cette cargaison serait acheminée en Pologne pour y être stockée jusqu'à nouvel ordre. Les effectifs personnel seront aéroportés.

La Russie doit réfléchir à contrebalancer cette puissance. Il serait peut-être de trop de remplir la Région Militaire de Défense de Kaliningrad des troupes à ras-bord, mais l'armée doit pouvoir tenir jusqu'à l'arrivée des renforts du centre, c'est-à-dire de la région de Pskov. C'est une localisation privilégiée pour deux armées de chars d'assaut pour qu'elles puissent, en cas de la guerre, passer en coup de vent par les pays Baltes et arriver à Kaliningrad.

 

- Pourquoi croyez-vous que les Etats-Unis seraient intéressés par ses dépôts d'armements ?

 

M.A. En vue de déployer leurs troupes. Ils n'auront qu'à amener le contingent par air et dégainer les armements stockés à l'avance. Il se peut bien que ces dépôts existent déjà bel et bien. Dans ce cas, ils n'ont qu'à faire transférer les troupes et le tour est joué ! Ils pourront déployer leurs brigades et divisions et passer à l'action en Europe de l'Est.

 

- Il s'agirait d'une décision prise par l'administration américaine sortante... Donald Trump pourrait bien déjouer tous ces plans !

 

M.A. C'est une donne inconnue. Il n'est pas à exclure que la pression à notre encontre serait maintenue ou utilisée dans la marchandage avec la Russie, pour, à titre d'exemple, converser sur l'Iran. Trump veut écraser l'Iran et nous ne pouvons le laisser faire. Donc il va faire du pressing sur nous en Europe de l'Est. Je demande à voir ce que ça va donner.

 

Il serait à rappeler qu'il y a peu de temps, le représentant permanent des Etats-Unis auprès de l'OTAN Douglas Lute s'est prononcé lors d'un plateau télévisé de la chaîne ABC News en déclarant que la Russie n'aurait pas l'intention d'agresser l'OTAN.

 

Cependant, à son tour, le secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg a déclaré qu'il donnerait l'ordre de mettre en état d'alerte permanente des centaines de milliers de militaires de l'Alliance à cause de la tension grandissante dans les relations avec la Russie. Le professeur Vladimir Stol, responsable de l'Unité de l'Enseignement et de Recherche de la gestion régionale de l'ENA russe estime que les relations de la Russie et de l'OTAN sont au degré zéro : « L'Occident campe toujours sur ses positions à l'égard de notre pays. Les activités de la commission Russie-OTAN n'ont pas été renouvelées. Les optiques sont aux antipodes. Le point crucial réside en concept de sécurité collective de l'Alliance Atlantique qui est absolument « OTANocentrique » et non seulement ignore systématiquement les intérêts de la Russie, mais, qui plus est, est bâti en empiétant sur les droits de la Russie. C'est pourquoi il me semblerait précoce d'évoquer un rapprochement des positions de l'OTAN et de la Russie vu l'état actuel des choses ».