La Russie en passe de devenir un paradis financier

Les sociétés étrangères ont commencé à retirer leurs fonds de la Chine qui devient de plus en plus onéreuse pour le business. L'argent part au Vietnam et autres pays bon marché. En particulier, en 2015, la transnationale nippone Panasonic a fermé toutes ses usines en Chine, après 37 ans de présence dans le pays. La grande Japonaise Sony (électroménager) a suivi l'exemple de son compatriote. Moult autres sociétés sont parties dans la foulée, à savoir : Seagate (hardware), Marks @ Spencer (vêtements), Microsoft (applications), Sharp (électronique), Revlon et l'Oréal (produits de beauté) et, enfin, un grand réseau de ventes Metro AG.

 

La raison principale de cette fuite des capitaux est la montée en flèche des impôts sur les revenus régime « étrangers », la croissance rapide du coût de la main d'oeuvre et le renforcement de la concurrence de la part des producteurs locaux.

 

On se demande si la Russie avec ses zones économiques libres et ses territoires du développement accéléré (projets nationaux) peut tirer quelques conclusions de cette histoire chinoise ? La Russie a-t-elle également une chance d'attirer les investisseurs désertant la Chine ? Les experts ont éclairé la lanterne de Pravda.ru.

 

Le directeur de l'Institut de l'Extrême Orient de l'Académie des Sciences de la Russie, docteur ès sciences économiques et professeur Andrey Ostrovski :

« La Chine s'est mise à se développer en 1979. La quantité de fonds investis d'origine étrangère est relativement assez peu élevée. Au cours des années 90, cette part équivalait à 6-7 % et il ne faut pas oublier qu'il s'agissait de l'époque de l'essor économique. Aujourd'hui, ce chiffre ne dépasse guère 1,5 %. Mais à considérer les chiffres tels quels les nombres ont mine d'être très impressionnants : 126 milliards de dollars en 2015 et idem, en 2016 ! La Russie, elle , n'a jamais connu de telles injections du capital étranger. En gros, notre économie ne profite que des investissements réalisés dans le domaine du capital bancaire ou les titres de valeur.

Pour ce qui est de l'attrait que pourrait exercer la Russie sur les investisseurs en partance de la Chine, Pravda.ru a recueilli l'opinion de Vitali Mankévitch, président de l'Union Russo-Asiatique des entrepreneurs. Selon lui, il s'agit d'une perspective pleine d'allant :

« Il ne s'agit pas de se demander si la Russie peut - oui ou non - devenir le destinataire des investissements arrivés de l'étranger. Elle se doit de le faire ! Une telle conjoncture créerait de nouveaux débouchés sur le marché de travail. Nous avons déjà commencé à copier sur la Chine. Nous estimons que nous avons déjà mis tous les atouts de notre côté afin d'atteindre ce but. En particulier, la Russie a institué plusieurs zones dites « spéciales » dont les résidents bénéficient d'un régime spécial d'impôts ; nous avons également à notre disposition des soi-disant corporations de développement coopérant avec les investisseurs régionaux.

 

Aujourd'hui, la situation a changé du tout au tout par rapport aux années 90- début du millénaire : les fonctionnaires régionaux contribuent de façon très dynamique aux investissements, tiennent des conférences avec ceux qui désirent faire travailler leur argent dans une région concrète. La seule difficulté à prévoir est l'ignorance par les investisseurs étrangers de notre législation. Cependant j'espère que de nombreux consultants juridiques internationaux et nationaux présents sur le marché pourraient prêter assistance à quiconque, désireux de maîtriser à fond les arcanes de notre Code.

 

Il est tout de même à noter qu'Andrey Ostrovski n'est pas si optimiste que ça : selon lui, la Russie ne pourrait pas devenir « la seconde Chine » pour investisseurs étrangers. La raison principale est la nécessité d'instaurer un régime d'assurance des investissements réalisés et des entreprises créées avec ; la Chine, elle, a dans ce domaine une base juridique bien élaborée. Pour localiser leurs entreprises ici, les étrangers doivent être sûrs de ne pas perdre leur argent et bénéficier des primes d'assurance au cas où. Et là il est incontestable qu'il reste encore beaucoup de travail à abattre.