Prodi: Rome doit réintégrer Moscou au G8

Romano Prodi, ex-premier ministre italien et ancien président de la Commission européenne estime que l'Italie doit réintégrer la Russie au Groupe des huit. Il a fait cette déclaration dans son article publié dans le journal italien Messaggero.

"À mon avis, l'Italie qui préside cette année le G7 doit faire tout son possible pour réintégrer la Russie au format G8", a écrit M. Prodi.

Selon lui, le dialogue avec la Russie dans le cadre du format G8 pourrait contribuer au règlement de la crise dans l'est de l'Ukraine et à la lutte anti-terroriste au Proche-Orient. Cependant, il se demande si le président russe Vladimir Poutine acceptait l'invitation au G8 sans levée des sanctions antirusses.

Notons qu'auparavant, le ministre italien des Affaires étrangères Angelino Alfano avait déclaré qu'il était nécessaire de rétablir le format G8. Il avait souligné qu'"il fallait attendre le retour de la Russie" et se demandait s'il était possible de réaliser ce projet avant mai prochain.

Néanmoins, les experts estiment que la réintegration de la Russie dans le format G8 n'a pas encore de sens.

"Il faut bien comprendre que le G8 est un moyen d'influence unipolaire dirigé par les États-Unis qui ne comprend ni la Russie ni la Chine. Il faut prendre en compte le discours de l'ex-président américain Barack Obama prononcé à Chicago, selon lequel les adversaires principaux de Washington sont Moscou et Pékin. Ainsi, il a reconnu que le monde unipolaire est devenu tripolaire. Si la Russie et la Chine s'allient, un format intéressant apparaîtra. Des déclarations selon lesquelles il faut lever les sanctions ont été répétées à maintes reprises. Cela ressemble à une tentative de chipotage. Ils nous proposent de faire le premier pas en échange de la réintegration au G8. L'abandon de 2,5 millions de personnes est considéré comme normal en Europe. Il ne s'agit que de provocations", a déclaré Andreï Souzdaltsev, vice-doyen de la faculté de la politique et des économies mondiales de l'École des hautes études en sciences économiques, dans une interview accordée à Pravda.ru.

Et d'ajouter que selon Romano Prodi, l'Europe doit agir plus vite que le président américain Donald Trump et lever les sanctions antirusses avant qu'il ne le fasse. L'ex-président de la Commission européenne a également souligné que l'Europe avait tort de ne pas réagir aux déclarations de M. Trump concernant des changements dans les relations entre les États-Unis et l'Europe.

Cependant, l'agence Bloomberg a récemment annoncé que l'UE envisageait de proroger les sanctions antirusses de six mois.

"Quatre responsables de l'Union européenne ont déclaré que les pays-membres de l'UE envisagent de proroger les sanctions contre 100 citoyens russes et ukrainiens de six mois", lit-on dans un message de l'agence.

Le vice-premier ministre russe Dmitri Rogozine a réagi à ces informations diffusées par Bloomberg.

"Est-ce que l'Union européenne sait que ça nous est égal?", a-t-il écrit sur son compte Twitter tout en soulignant que les sanctions antirusses n'avaient pas répondu aux attentes des fonctionnaires européens.

Les sanctions contre la Russie ont été introduites en 2014 suite au début de la crise en Ukraine et au rattachement de la Crimée à la Russie.