Les États-Unis préparent une autre frappe aérienne

La frappe aérienne américaine contre la base Shayrat en Syrie a provoqué des discussions acharnées dans les médias russes et occidentaux.

La presse se penche principalement sur les aspects politico-militaires de la décision du président américain Donald Trump ainsi que sur les conséquences de cette démarche pour la politique internationale. Mais personne ne prête attention à l'aspect technique de cette frappe, estime Nikolaï Novitchkov, spécialiste en technique.

Dans son article publié sur LiveJournal, M. Novitchkov cite l'avis de Konstantine Sivkov, expert militaire. « D'un point de vue politique, cette frappe effectuée sans prévention est une sorte d'un avertissement à l'attention de Moscou. Les États-Unis montrent ce qu'ils peuvent faire en cas d'un conflit entre la Russie et les USA dans la région », a déclaré M. Sivkov, cité par Nikolaï Novitchkov.

M. Novitchkov insiste sur le fait que les « Américains sont en mesure de détruire tous les complexes de défense antiaérienne et tous les avions déployés à la base russe de Khmeimim » sans néanmoins évoquer l'efficacité des missiles américains Tomahawk.

Certains médias estiment que le complexe russe de guerre électronique Ritchag-AV a détourné 34 Tomahawks en Syrie alors que les experts US ont détecté la désactivation soudaine des systèmes de guidage de plusieurs missiles.

Ainsi, les experts et les journalistes militaires américains sont convaincus que les systèmes de guidage des Tomahawks ont été désactivés par des complexes de guerre électronique étrangers. Seuls les systèmes russes en sont capables, estime Gordon Duff, éditeur en chef du journal Veterans Today.

Auparavant, Pravda.Ru a annoncé que seuls 23 des 59 missiles américains ont atteint leur cible. « Ainsi, la frappe aérienne américaine s'est avérée inefficace », a déclaré porte-parole du ministère russe de la Défense Igor Konachenkov.

Cependant, le Pentagone rejette les informations selon lesquelles la moitié des Tomahawks ont atteint la base de Shayrat. Ses représentants insistent sur le fait que seul un missile n'a pas marché, alors que 58 d'entre eux ont atteint leur cible.

Il est à noter qu'un Tomahawk coûte environ 250 000 dollars. Selon les experts, les États-Unis ont tiré un tel nombre de missiles pour montrer les muscles. Ils évoquent la rouille parmi les causes de disparition de certains engins.

« Il s'agit d'une frappe politique », a déclaré Léonide Ivachov, général, président du Centre international d'analyse géopolitique.

« À vrai dire, les États-Unis ont effectué une frappe politique contre le prestige de Russie et de Chine. Pourquoi tous les missiles n'ont pas atteint la base de Shayrat ? Parce qu'il s'agit d'un "recyclage" des engins obsolètes, notamment des Tomahawks. Les Américains font un tel "recyclage" depuis longtemps. On peut citer l'exemple des frappes américaines contre la Yougoslavie en 1999. Ils se sont alors débarrassés de leurs missiles obsolètes à l'aide de ces lancements », a-t-il déclaré.

L'expert souligne que les Américains testent quelque chose de nouveau parallèlement à ce « recyclage ». « Il faut comprendre s'il y a de nouvelles stratégies. La Russie ne doit pas se bercer de l'illusion que les missiles US sont défaillants », a précisé M. Ivachov.

Il a indiqué que les complexes de défense antiaérienne S-300 et S-400 étaient destinés à protéger les objets militaires russes déployés en Syrie et non pas à couvrir tout son territoire. C'est pourquoi le bouclier antimissile russe n'a pas intercepté les engins américains.

« Les Américains ne respectent pas le droit international parce qu'ils sont forts. Ils n'acceptent aucune preuve (de l'absence de l'arme chimique chez les militaires syriens). Ils ne respectent que la loi du plus fort. Toute la politique étrangère des autorités américaines se fonde sur le mensonge et la provocation. Pour justifier leurs démarches controversées, elles inventent de faux prétextes comme c'était le cas avec l'Irak, la Libye et la Yougoslavie », a déclaré Léonide Ivachov.

Il n'exclut pas que les États-Unis puissent effectuer une autre frappe.

« Ils ont effectué la première frappe lors de la visite officielle du président chinois Xi Jingping aux États-Unis. Je redoute qu'ils effectuent la deuxième frappe contre la Syrie ou la Corée du Nord pendant la visite du secrétaire d'État américain en Russie pour démontrer leur supériorité », a-t-il conclu.